Au Brésil, les stars du ballon rond arborent avec fierté le 10 de Pelé sur leur maillot, mais un autre numéro, le 24, est pratiquement proscrit pour des raisons homophobes.
Ce préjugé vient du « jogo do bicho » (jeu de la bête), loto clandestin apparu à la fin du 19e siècle dans les rues de Rio, et toujours pratiqué.
Chaque parieur doit choisir une case représentée par un animal et le numéro 24 est celui du cerf, associé à l’homosexualité dans la culture populaire brésilienne, entre autres parce qu’il appartient aux espèces animales dont les mâles peuvent avoir des relations sexuelles entre eux.
« Il y a un vrai tabou, même si ça peut sembler fou. C’est un numéro comme un autre, mais les footballeurs préfèrent en utiliser un autre pour que leur masculinité ne soit pas remise en cause », explique à l’AFP Bernardo Gonzales, militant et joueur d’une équipe trans de futsal, le Sport Club T Mosqueteiros de Sao Paulo.
Selon lui, le préjugé s’étend bien au-delà des terrains de foot, dans un pays où les violences homophobes font des ravages.
Certains hommes refusent par exemple de s’asseoir sur le fauteuil 24 au théâtre ou au cinéma, de vivre dans l’appartement 24 d’un immeuble ou utilisent des bougies 23+1 pour fêter leurs 24 ans.
« Je ne suis pas homophobe, mais le 24, pas question! », lance un supporter de Palmeiras dans un bar de Sao Paulo.
Pour le début de la saison, qui commence en janvier par les tournois régionaux de chacun des 27 Etats du Brésil, seules quatre des équipes de la première division nationale avaient des joueurs portant le numéro 24 dans leur effectif.
Et trois d’entre eux sont des jeunes qui viennent de signer leur premier contrat professionnel, comme Kevin Malthus, 19 ans, milieu de terrain de Santos.
KD avec AFP